Clair 2016, mon retour réflexif

Publié février 4, 2016 par Andrée Marcotte

Mon billet de retour sur Clair 2016

#jécrispartoùtoujesuis

#jesuiscalligraphe

 

 

C’est toujours délicat de déposer définitivement un billet sur le colloque de Clair. Si on se précipite, on s’en veut de ne pas avoir assez peaufiné notre texte, si on attend trop, on s’en veut parce que tout a été dit… Eh bien dans mon cas c’est maintenant que ça part, même si ce n’est pas parfait. Je pourrais passer des heures à l’améliorer, mais là, le temps me presse et je dois passer à autre chose, comme mettre en œuvre les nombreux gains que j’ai puisés à Clair2016.

 

 Aujourd’hui, j’entrevois ma journée différemment, ce n’est pas un matin ordinaire, je me penche sur l’écriture d’un billet de retour (ha!) sur ma participation à Clair 2016. Écrire c’est exigeant (dans le mien en tout cas!), cela demande de l’humilité mais surtout, d’avoir quelque chose à dire… Mais l’exercice d’écrire demeure très enrichissant en soi, ça replace les morceaux de casse-tête, ça nous permet d’objectiver nos apprentissages et comme apprenant, ça nous amène ailleurs bien souvent. J’adore également calligraphier, c’est un art qui me transporte. C’est comme écrire, mais en plus beau. 😉

 

 

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Ça fait des jours que je note mes idées, que je ressasse mes constats et mes réflexions. Que je me demande dans quel angle aborder mon billet, comment l’organiser, quels sont les éléments que j’aimerais davantage mettre en relief. J’écris toutes mes idées, jour et nuit. La moitié s’avèreront bonnes, le quart dignes d’intérêt, quelques-unes excellentes. Comme j’ai la tête bien pleine, je me permets une démarche d’écriture évolutive et graduelle, de manière à faire plus naturellement émerger les grandes lignes de ma pensée. Je vous partage d’emblée quelques photos de ma démarche de création, elles sont à mon image, vous verrez. J’aime encore écrire à la main sur du papier et c’est souvent ainsi que j’amorce la planification d’un texte, d’un billet, d’une critique ou d’un article. J’aime aussi quand c’est beau, quand c’est coloré et créatif. Je suis une personne tactile on dirait! Eh oui… j’aurais pu utiliser Padlet, merci @sedeschamps de me le rappeler! 😉

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#jeveuxêtreunecpplusempathique

#fracturenumerique

 La plus grande prise de conscience que j’ai faite à Clair2016 (parmi des dizaines!) est certes la manière qu’a @petitbenoit d’entrevoir l’accompagnement d’enseignants, en particulier les plus résistants. Ce gars-là peut mettre le doigt sur l’invisible et ainsi mieux agir dans ses interventions avec les enseignants qu’il croise sur sa route. J’accompagne des enseignants depuis plus de 15 ans et c’est la première fois que j’arrive à décortiquer réellement les mécanismes de pensée d’une personne qui émet une résistance. Nommer, reconnaitre, prendre en compte, valoriser le travail sont des étapes à franchir qui nous amènent à pouvoir réellement accompagner une personne dans le changement. Dans mon travail, cette capacité est très utile! Et pas seulement dans un contexte d’appropriation des TIC.

 

Évidemment, je savais que tout bon agent de changement doit être à l’écoute, ne pas juger, etc., mais ce recadrage me donne une nouvelle posture de travail fort intéressante que je compte bien exploiter au quotidien. Je vais me donner le temps de m’améliorer… et pour m’aider je vais me procurer une tortue en porcelaine. Je fais un grand lien ici avec ce que j’ai retenu de la 2e conférence de Ewan McIntosh à Clair, en 2012, je crois. Mon tableau se raffine…

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Autre message que je retiens de son message, c’est qu’il vaut mieux cultiver les initiatives que de brusquer le changement. Une initiative, ça se fait tranquillement, mais c’est un petit changement qui dure. Pourquoi ne pas construire l’avenir à coups d’initiatives? Il nous convie à prendre les gens là où ils sont, j’aime! Nommer les arguments pour, les arguments contre, dessiner dans notre esprit le visage de la résistance pour mieux comprendre et reconnaitre. La réflexion «Se pourrait-il que cette personne soit?» m’a beaucoup plue, elle nous permet une fois de plus de mieux apprivoiser la résistance. Je tâcherai de mettre en valeur les leaders pédago-numériques dans mon milieu, pas nécessairement les spécialistes en techno, mais plutôt les pédagogues qui multiplient les initiatives. Comme l’a si bien dit @sedeschamps sur twitter, malgré le fait que @petitbenoit célébrait ses 50 ans le jour même, c’est lui qui nous a fait un cadeau avec sa conférence! Quel homme inspirant en effet… Les paroles qui m’ont le plus marquée dans sa conférence sont les suivantes :

 

Mes citations coups de cœur de @petitbenoit

 Les émotions sont souvent illustrées par le cœur, mais c’est le cerveau qui gère l’affect.

Mon cerveau est bloqué si mes besoins de base ne sont pas comblés.

L’affectif est souvent présent derrière un rationnel, mais pas souvent nommé et devient obstacle.

S’inspirer du cheminement et des obstacles vécus par les enseignants au lieu des derniers gadgets.

 

 

#jaimeledesign

 

Quelle bonne idée de briser la glace avec l’analogie du design! Le meilleur design est celui qui vise l’utilité avant tout. Dans son ouvrage, Design?, Frederik Metz nous confie que selon lui, le meilleur exemple de design demeure la fameuse tasse blanche présente dans à peu près tous les restaurants. Pourquoi? Parce qu’elle est conçue pour s’empiler parfaitement lorsqu’elle est à l’envers et on peut en transporter une grande quantité à la fois. Et comble d’ingéniosité et d’utilité, il y deux petites encoches qui permettent à l’eau de s’échapper après le lavage, ce qui la rend sèche plus vite sans accumuler d’eau.

 

Selon Thérèse Laperrière, se voir comme quelqu’un qui fait du design, c’est mettre en oeuvre 4 dimensions : apprenant, connaissances, collectivité et évaluation. Elle nous invite à passer en mode design plutôt qu’en mode croyance en nous conviant à NOUS considérer comme notre principal instrument. En se souciant de l’utilité, de l’adéquation, de l’amélioration et du développement possible d’idées de différentes formes. Elle nous propose un cadran fort intéressant pour réfléchir sur l’évaluation des apprentissages et tirer profit du numérique.

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Les paroles qui m’ont le plus marquée dans sa conférence sont les suivantes :

 

Mes citations coups de cœur de @tlap

L’élève va apprendre à lire s’il lit pour apprendre.

On travaille de plus en plus avec nos têtes et de moins en moins avec nos bras.

Placer nos élèves dans les meilleures situations d’apprentissage possible.

Notre identité professionnelle se transforme.

Le mouvement de la personnalisation de l’apprentissage, c’est ce qui se produit.

L’imprimante 3-D est en train de faire des choses importantes.

 

 

#unbrayondesoleil

#jaimelalanguefrançaise

 

J’ai été, comme tous, renversée par la conférence de Biz. J’ai reconnu Jean-Yves et sa prose, sa folie linguistique et son plaisir à jouer avec les mots. Quelle fierté pour un papa de voir sa progéniture prendre le relais de la poésie paternelle aussi remarquablement. Biz nous a ramenés à nous-mêmes en nous entretenant sur l’identité, la langue, l’école, la liberté, l’écriture, les élèves et leurs parents. Une véritable ode à la langue française. Quelle chance d’avoir pu assister à cette conférence! Définitivement un highlight parmi mes sept présences à Clair depuis 2010. Et qui ne se rappelle pas de la conférence de Jean-Yves il y a deux ans. Deux poètes fous qu’il faudrait cloner…

 

Les paroles qui m’ont le plus marquée dans sa conférence sont les suivantes :

 

Mes citations coups de cœur de @Biz_loco_locass

 

Savoir lire, un geste de liberté.

Encore une personne sur deux qui est analphabète fonctionnel.

Vaut mieux un tweet terminé qu’un roman inachevé.

Commence petit, tu termineras alors.

Les habitants de Clair : des Clairvoyants!

Avoir accès à la lecture, c’est avoir accès au savoir de l’humanité.

La français est ma langue paternelle.

Le souci de bien écrire, de bien nommer.

Le rap n’est pas esclave de la métrie.

L’écriture permet de se remettre en mouvement dans ses moments plus difficiles.

Une école, c’est pas juste une école, c’est des parents en arrière.

Donner de la fierté aux élèves en les impliquant dans des projets.

Allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés en géants?

La sécurité, c’est l’antithèse de la liberté.

On n’a pas besoin d’être un oiseau pour lire un livre sur les oiseaux.

 

 

#jesuistorduederire

Moment sublime du samedi, le témoignage (on pourrait aussi dire le spectacle!) de Yves Doucet. Par ses grandes qualités de communicateur, il a su nous entretenir sur des sujets chauds comme l’identité numérique, le fait français et l’identité tout court! Il nous raconte son identité en passant par ses passions. J’ai bien aimé lorsqu’il a dit que la technologie est plus qu’un outil, mais un élément intégral d’une pédagogie stimulante pour l’élève. Il nous a fait rire sans arrêt, quelle belle manière de terminer un colloque!

Les paroles qui m’ont le plus marquée dans ce témoignage sont les suivantes :

 

Mes citations coups de cœur de @YvesDoucet

 

Minorité ne veut pas dire infériorité.

S’engager à nourrir nos multiples identités et celles de nos élèves.

Il faut célébrer notre influence sur les autres.

Si mon orgueil passe avant la vérité, je ne suis pas un bon pédagogue.

Quand tout le monde n’a pas les mêmes besoins, on ne peut les traiter de la même manière.

On ne peut enseigner en dehors de nous-mêmes.

 

 

#jefaisdouzeheuresderouteavecdessuperhéros

Aller à Clair, c’est aussi faire beaucoup de route… Souvent, les discussions «en dehors» du colloque sont tout aussi inspirantes. Les discussions «de corridor», les nombreuses heures de voiture, les discussions d’entrain en s’y rendant et les discussions un peu endeuillées au retour. J’ai eu la chance de voyager avec mon bon ami Jacques Cool pour me rendre à Clair. La preuve que le privé et le public peuvent s’allier! Nous avons pris Benoît Petit sur notre chemin. Inutile de vous dire que nos discussions furent enflammées et hautement métacognitives. Et en plus c’était la fête de Benoit alors imaginez notre fébrilité.

Au retour, nous avons reconduit (ha!) l’idée de poursuivre la discussion sur notre cognition en parlant de nos prises de conscience à Clair2016. Tous les trois, nous avons fait des découvertes différentes. Nous avons beaucoup parlé de Michel (désolée pour les Michel de ce monde), notre image du prof résistant. Benoît est un gars qui sait plonger quelqu’un au cœur de lui-même je vous en assure. Nous nous sommes donc amusés à mettre en scène des situations et à y réagir plus efficacement. J’ai adoré ça. Pour moi c’était comme un enseignement explicite teinté d’une théorie de l’impact! C’est donc la preuve qu’il faut prendre un temps d’arrêt (seul et en groupe) pour asseoir de nouveaux apprentissages en objectivant notre pensée. Mais tout comme la création à l’aide des technologies, n’est-ce pas une avenue qui n’est pas assez explorée en classe en 2016? Demandez à vos enfants, au souper, ce qu’ils ont appris à l’école aujourd’hui. Ils vous répondront ce qu’ils ont fait et rarement ce qu’ils ont appris… C’est important de faire le point sur nos apprentissages, de recadrer notre pensée, de mettre à l’épreuve nos théories et nos manières de faire. Je crois que les élèves ont encore trop peu l’occasion de le faire en classe.

 

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Depuis Clair2010, je construis mes liens affectifs et professionnels un pas à la fois et je dois dire que j’ai fait 7 pas de géant! Et cela me propulse chaque fois davantage vers mes buts et mes objectifs comme agent de changement.

Par ma présence et ma participation à Clair2016, je suis de plus en plus en mesure de démontrer la plus-value d’instaurer une pédagogie numérique dans nos classes. Toujours en insistant sur l’intention pédagogique cachée derrière chaque initiative technologique. J’ai senti un grand retour à l’être humain et aux moyens doux pour accompagner le changement. Roberto nous l’a bien démontré en présentant les bulles dont la plus grosse est réservée à l’élève. Pour motiver nos élèves, pour leur permettre de créer, d’échanger, de partager le fruit de leur travail. Clair, c’est beaucoup plus qu’un colloque, c’est une rare occasion de croiser des êtres qui nous font vibrer, qui changent nos vies autant sur le plan personnel que professionnel et qui nous permettent éventuellement de faire vibrer les autres à notre manière. Durant cette édition de Clair, j’ai eu la chance de passer du temps de qualité avec des personnes hors du commun et je les en remercie. Ce sont mes superhéros à moi… J’ai mis assez d’électricité pédagogique dans ma DeLorean pour une année entière! 😉

Andrée Marcotte

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3 commentaires sur “Clair 2016, mon retour réflexif

  • bonsoir Andree,
    beau billet indeed, je constate que ta ferveur n’a d’égal que ta passion encore une fois.J,aime bien ton résumé, tes best of de chacun des conférenciers. J’aimerais être capable de me discipliner et le faire après les rencontres auxquelles j’assiste et qui souvent me procurent ce genre d’effet.

    Au plaisir de te relire

  • Répondre à claude pouliot Annuler la réponse.